La lanterne rouge prend feu dans Beille

Publié le par Patrice

C’est l’Ariégeoise qui était au menu de ce dernier week-end de juin. « Ariège, terre courage », ce slogan nous accueille et donne la thématique de la journée du samedi.

Le club était, pour une fois, particulièrement bien représenté puisque huit licenciés étaient présents. Le pôle cyclosportif (Mathieu et moi) était au complet. Annie et Sylviane avaient réussi à convaincre leurs maris de les accompagner. Yvon a momentanément délaissé ses gaules mais a retrouvé ses cannes. Le guerrier des Jasses a l’œil des mauvais jours, il n’est pas venu pour peler des figues. Christelle avait échoué avec le sien (de mari) mais était là quand même. Dans ce club, le mental se conjugue au féminin. Eric, notre mentor, était aussi présent. Joël, un vététiste, personne n’est parfait (je savais qu’elle te plairait Gaël, celle-là),complétait ce tableau de chasse. Joël, serait une future recrue (si dieu nous prête vie) pour le mercato, bonne pioche.

Les absents ont toujours tort mais on peut quand même rappeler les forfaits de dernière minute. Jérôme, opéré récemment à cœur ouvert, n’avait pas encore fini de cicatriser. Eric L, décidément trop court physiquement cette saison, avait renoncé la veille craignant de ne pas pouvoir atteindre l’arrivée. Quant à Didier, la mort dans l’âme, en époux modèle, il avait dû renoncer (le hasard ne choisit jamais au hasard). Gérard, pourtant brillant l’an dernier sur la Mountagnole, avait un incontournable repas de famille (pense à ta ligne Gégé !!!).

Vendredi après-midi, après un bref voyage, Mathieu et moi arrivons au camping à Tarascon. Nous plantons la tente (la mienne, couleur camouflage, me rappelle l’époque où je servais la patrie, eh oui la lanterne était chez les paras) . La lanterne, pourtant habituée au mise au vert dans les luxueuses suites d’hôtel, avait décidé, dans un souci de cohésion et de solidarité d’accompagner ses compagnons dans ces contrées hostiles que sont les toiles de tente. A force de fréquenter tous ces gauchistes soixante-huitards, la lanterne rouge se « bo-boise ».

Nous nous retrouvons au bar de la plage pour manger. Nous buvons les paroles de notre président qui met en pratique ces techniques de management moderne dans la gestion du club. Les discussions de comptoir s’engagent, ça théorise à qui mieux-mieux, on disserte à propos du cyclotourisme, les spécialistes de la guerre psychologique s’en donnent à cœur joie. La lanterne, toujours respectueuse des gens plus âgés, n’ose dire mot et absorbe ce flot de pertinentes paroles.

Après une nuit correcte, les affaires reprennent. Nous nous dirigeons vers les sas de départ. Yvon prodigue ses derniers conseil à madame la présidente (« Fais attention à ton matériel »). Sylviane motive son homme (« Si tu gagnes, je t’achète une nouvelle moto !).

Ca y est c’est parti. Mathieu et Francis s’envolent, on ne les reverra plus. Ils nous narreront leurs aventures dans un autre article. Mat, mon poulain, au terme d’un duel homérique (rien à voir avec les Simsons), l’emportera et confirmera qu’il est bien aujourd’hui le dauphin du patron. Dire que quand je l’ai recruté, j’étais obligé de l’attendre en haut des bosses (comme disait Sylvester Stallone, dans Rocky IV : « tu sais Apollo (Creed), c’est vraiment con de vieillir »). Le guerrier des Jasses, tombera les armes à la main mais en profitera pour régler avec Beille (et avec d’autres…) un différend datant de l’édition 2005. Chapeau Francis !

Derrière, un trio se forme autour de notre président. Le rythme est élevé mais raisonnable. Nous rallions le premier col celui de la Lauzes (prononcez loosse). Il est agréable et les plus de deux mille concurrents s’étirent difficilement sur ces routes étroites et sinueuses. La descente est technique et étroite conséquence je vois s’éloigner au loin mes deux compagnons. Yvon (il faut le rappeler médaillé aux JO de Grenoble en descente) suit à la lettre les conseils de madame (« Pas plus de 80 km/h !!! »), Eric lui colle au train, analysant scientifiquement les trajectoires (je conseille aux novices en la matière sa récente thèse sur le sujet). Je fais l’effort pour les rejoindre dans la montée suivante. Ce yo-yo se perpétuera à chaque descente et creusera la tombe de la lanterne.

En effet, ceux qui ont suivi les épisodes précédents savent que la philosophie de la Lanterne est de gérer son effort sans se soucier des autres afin de rallier dans les délais l’arrivée. Mais l’Ariégeoise sert de prétexte aux championnats du monde du club et la Lanterne se fourvoie en voulant suivre les copains. Quand on ne respecte pas sa nature, l’être suprême vous ramène dans le droit chemin.

Après un passage à Lavelanet (patrie de notre fumeur de joints chauve préféré) puis à Foix (Ca me rappelle quelque chose…) nous attaquons le Pas de Soulombrie puis descente jusqu’aux Cabannes (« la cabane est tombée sur le chien et le chien est mort », citation de Pierre Salviac, le Thierry Roland de l’ovalie).

Nous voici donc au pied de Beille, 3h30 pour faire les 94 premiers km à plus de 27 de moyenne. Didier m’avait pourtant donné la feuille de route qui menait à l’abandon et je l’ai suivie à la lettre. Mais la Lanterne refuse l’abandon, elle plie mais ne rompt pas.

 


Il reste 16 km d’ascension, il me faudra environ 2 h 30, quelle magnifique gestion de l’effort ! Il fait chaud, très chaud, trop chaud (pour travailler…). J’ai le casque en feu, je monte péniblement. Yvon me passe facilement dès les premières pentes, je vous rappelle qu’il a du sang indien dans les veines ce qui le rend insensible à la chaleur. Il grimpe en faisant la causette avec les concurrentes qu’il rencontre, leur vante les mérites du groupe féminin de notre club. Eric, plus affûté que jamais, me passe au km 4, je le reverrai à l’arrivée.

Le premier point d’eau arrive, je m’y arrête pour récupérer et me rafraîchir les idées. Il y en aura deux autres que j’honorerai de ma présence, c’est open bar, ça me rappelle la tournée des grands ducs de ma jeunesse. Je passe avec envie sous la douche improvisée offerte par tous ces merveilleux bénévoles (Merde, mon brushing !). Le temps passe doucement, les concurrents me doublent par dizaines (Cela me rappelle une chanson de Renaud écrite par Coluche qui disait : « Il manquerait plus qu’un oiseau me chie dessus »). Les seuls que je dépassent sont ceux qui ont pris l’option « je monte dans Beille en marchant, poussant mon vélo ». Dès que la végétation le permet (trop rarement à mon goût), je me glisse à l’ombre des jeunes filles en fleurs (tiens le président fait des émules).

A 6 km du sommet, une caméra de la TV lituanienne est présente. Son envoyé spécial, Jérômus Hypocondriacus, m’informe des écarts. Attaché à mon image médiatique, je m’efforce de faire bonne figure devant la caméra. Je poursuis ma montée, cela va un peu mieux, le sympathique public (certains m’ont vraisemblablement reconnu) m’encourage. Je vois le bout, certains l’aiment chaud, pas moi ! La lanterne n’a pas fait le show en terre ariégeoise mais elle est montée !

Mes compagnons, frais et dispos, sont en haut depuis un bon moment. Ils refont le match, pendant le repas, moi j’essaie de récupérer, il fait 29° au soleil en haut (Marche à l’ombre !). Joël arrive au sommet, il a tout fait au mental, bravo à lui. Nous rentrons vers Tarascon, certains montent encore (notamment trois en vélib !).

Arrivés au camping, les féminines attendent, elles viennent de réaliser un triplé historique à la Passéjade ! Elles ont trusté tous les bouquets. Il faudra taper plus haut à l’avenir (surtout avec le recrutement opéré par Yvon sur le parcours), ah la modestie féminine. Nous rangeons notre matériel et nous nous retrouvons autour d’un verre pour faire des « nalyses ». Certains restent : Yvon va taquiner le goujon, Francis veut faire Pailhères et Bonascre pour se tester un peu.

La lanterne repart vers le Nord pour se mettre au frais. Dimanche prochain, il faudra atteindre Hautacam… Chaud, chaud, les marrons chauds…

Publié dans Cyclosportives

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