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Chronique de la Lanterne

Publié le par Patrice

5 h 30 pour 137 km et 2500 m de dénivelé + selon les organisateurs (un peu moins selon la police), 25 km de moyenne. Voici des statistiques qui satisfont pleinement le cyclosportif en herbe (verte) que je suis. Mais stupeur, que vois-je en analysant le classement ? 240ème sur 278 concurrents !!! Evidemment je pense à une erreur informatique, mais non, c’est bien moi, dans les bas-fonds du classement, le monde est décidément cruel…

Pourtant tout avait bien commencé. Samedi soir, après une soirée stressante devant le multiplex de la dernière journée de ligue 1 où j’avais failli me claquer en faisant des sauts de cabri après le but de Pantxi Sirieix qui assurait le maintien du TFC (on a les bonheurs qu’on peut), je me dirigeai vers le lit conjugal. Après 5 heures de sommeil apaisé, ce qui est la norme haute pour une veille de cyclo, je me levai dix minutes avant le réveil (un névrosé !). Mathieu, en avance comme à son habitude (deux névrosés), passait me chercher.

Après un voyage qui nous avait permis de faire le débriefing de la révélatrice réunion du club de jeudi, nous arrivons à La Primaube. J’impose à mon Mathieu une minute de recueillement, nous sommes ici en terre présidentielle ! Mathieu s’exécute et commence alors son show, il serre des louches à qui mieux mieux : un client par ici, un copain par là. Il est chez lui, la suite confirmera cette première impression. Parmi cette brochette de connaissances, une sort du lot : Pepe, une ancienne gloire agenaise de rugby, qui avait joué avec Mathieu au royaume d’ovalie. Il nous assène quelques phrases chocs : « Et les gars, aujourd’hui, si tu prends ma roue t’es pas loin du podium », « A la Passageoise, je roulai avec un groupe de cent, ça collaborait pas je les ai éparpillés ». J’écoute un peu intimidé et il rajoute : « Et Mathieu, si y en a un qui nous gonfle, je déclenche un générale comme contre le RC Cathare, y avait eu de la chifarnaze ».

Après cette préparation mentale, nous rentrons dans le sas de départ. Avec mon beau maillot flashy d’Espère un concurrent me prend pour un des bénévoles de l’organisation qui portent un chasuble vert fluo (« Et copain, mon Ferrus, c’est pas la moto fraîcheur ! »). Mathieu se positionne sur la grille, moi en retrait à droite (je suis claustro, j’aime pas les départs !). Il y a des beaux vélos, mon Ferrus GX 12 est intimidé, je le rassure en lui parlant tendrement au creux du cintre. Je fais la bise à Mathieu et lui donne rendez-vous à l’arrivée. Ce qu’il ne sait pas encore c’est que 40 minutes nous sépareront, c’est un Matou frais et dispo que je retrouverai en rejoignant péniblement la voiture (pas balai !). A ce propos, je pense que Mathieu est prêt à contester la place de dauphin confisqué depuis si longtemps par l’aigle de Nuzéjouls (s’ils arrivent à trouver un terrain de jeu commun et si la distance est à trois chiffres).

Le départ est suivi de 10 km de descente ou presque, ce qui grâce à mes qualités légendaires de descendeur me permet de m’installer confortablement à la dernière place. Suit la côte de Bellevue (12 km à faible pourcentage) qui permet de reprendre quelques excités du départ. En haut de celle-ci, je suis doublé par les avions de chasse du petit circuit. Quelques jeunes blancs-becs, aux jambes rasées (à moins que la puberté n’est pas encore finie son œuvre) me doublent. Je leur lance un regard furtif et méprisant (« Et gamin, viens jouer dans la cour des grands sur le vrai circuit plutôt que de jouer à la baballe avec tes copains de classe »). Je ne me désunis pas, roulant avec mes copains de promo. Un autre groupe nous passe, cette fois ce sont les avions longs courriers, puis encore un autre, les avions de tourisme. Ceux-là, ils auront digéré que je serai encore sur mon vélo. Merde, il faut faire gaffe bientôt Guillaumet, Mermoz et autres Clément Ader vont nous enrhumer. Pourtant, je regarde mon compteur 3 heures de course et 29 de moyenne, j’ai pas les bons produits ou quoi ? (Il y avait une pharmacie à Lanuejouls, Mathieu n’a pas voulu s’y arrêter !).

Enfin, les deux circuits se séparent, on se retrouve entre gens de bonne famille. J’avale les deux côtes suivantes en jouant au yo-yo avec un autre concurrent, je le malmène dans les côtes, il me désintègre dans les descentes. Je refuse de collaborer : « Et mignon, j’ai mon leader devant, je vais pas collaborer pour te ramener sur lui », je suis estomaqué par son inculture tactique. Je profite de ma fréquence de pédalage raisonnée pour apprécier le viaduc de Millau et les superbes paysages aveyronnais notamment les Raspes du Tarn. Je continue insensible à la pression de l’événement, je rencontre un concurrent blagnacais (un caouec comme moi), nous étions au même collège. Il me fait part de ses projets dont certains sont communs comme l’Etape du Tour. Il l’a finie l’an dernier 5 minutes dans les délais, je lui raconte que moi aussi je l’ai finie mais dans le bus. Mais, j’interromps cette discussion dans la côte du Truel pour m’échapper insensiblement. A l’approche du sommet un gentil papi se propose de me faire une poussette. Je le rejette poliment : « T’as vu mon maillot, je suis de l’AS Espère, on mange pas de ce pain là chez nous ». Non mais, en plus si un commissaire de course me voit je vais prendre 15 secondes de pénalité et perdre 3 places au général, ces aveyronnais, ils ne se rendent pas compte (pardon maman, mais Decazeville, c’est pas tout à fait l’Aveyron, c’est le bassin).

Je poursuis mon périple. Après avoir snobé le premier ravito, je daigne m’arrêter au second. Etant en période de régime, j’accepte seulement un coca (un jour l’histoire rendra grâce à ce peuple majeur à qui ont doit l’invention de ce nettoyeur d’estomac). Pour ce qui est de mon estomac, il a pour une fois correctement assumé son rôle, il est vrai que mon potentiel vomitologique ne s’exprime pleinement qu’en période de forte chaleur. Je délivre une dernière blague de potache à ces aimables bénévoles et je m’en vais. Superbes bénévoles d’ailleurs, souriants et à l’écoute, donnant de leurs temps de manière désintéressée dans une organisation parfaite. Ca fait rêver !

La dernière difficulté approche, je suis rattrapé par un coureur de Fumel Monsempron, nous entamons la conversation. J’ai l’impression de l’avoir toujours connu, de faire partie de sa famille tant j’ai été proche de ce club. Il me lâche (lui aussi) et je finis tambour battant ce joli défi personnel dans un état qu’on peut qualifier de raisonnable.

Je rejoins Mathieu et partageons les yeux dans les yeux un repas frugal (mon estomac ne s’est pas encore remis en phase active). Nous attendons la remise des récompenses espérant que notre club gagne le trophée du club le mieux représenté mais perdu, ce n’est pas nous. La superbe tombola débute, un cadre Orbéa est à gagner (mais non cher GX 12, je ne vais pas t’abandonner !). Encore perdu, décidément il pleut toujours sur les mouillés…

Ca y est, il nous faut rentrer, fourbus et heureux, c’est quand même sympa le vélo entre copains… Prochain objectif, dans quinze jours le Tour du Sancy, voir briller la lanterne rouge sur le sommet du Puy de Dome…

Publié dans Cyclosportives

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