La cyclo Héraultaise Roger Pingeon, le CR de Gégé
Quelle idée nous a pris de nous inscrire à cette cyclo printanière qui nous arrive ....en plein hiver !? C'est la question que nous nous sommes posée samedi avec Angel, mon pilote, lorsque arrivés sur les hauts-plateaux aveyronnais nous avons trouvé le pays tout enneigé. De Baraqueville jusqu'au Pas de l'Escalette c'était tout blanc! Et le th° du tableau de bord qui oscillait entre 1° et 2° maxi ! ça promet pour demain !
Mais bon, puisqu'on est partis, faut plus se poser de questions ; hiver interminable, grippe et virus en tous genres, manque d'entraînement...oublions tout ça et faisons confiance à Miss Météo qui nous a promis du beau temps pour demain.
Bingo! Incroyable!! C'est un soleil radieux qui nous attend en ce dimanche matin , sur la ligne de départ à Gignac! Le seul bémol est ce vent frisquet de N/O dont on reparlera... Pour ce qui est du choix vestimentaire, je n'ai pas hésité, pour moi c'est tenue d'hiver complète .Heureusement Sylviane nous avait dégoté un motel situé tout près de là, donc pas le temps de se refroidir après une nuit plutôt fraiche et...sonore (c'est pas Angel qui me contredira...!) Nous voici donc alignés, prêts à en découdre ; fini les " bof, moi je couperai par ici " , " moi par là " , ou bien : " eh les gars, mode rando, hê ! " non c'est redevenu sérieux ! C'est fou ce qu'un simple rayon de soleil vous requinque!
Juste le temps de fixer les sept Verts luisants sur la pellicule, et ça démarre à 8h45 pétante, comme d'hab' , à fond ! Nos trois coursiers : Yvon, Angel et Le Patron sont aussitôt à l'attaque et disparaissent de ma vue bien avant Aniane. A la suite d'un petit bouchon je me retrouve distancé d'une cinquantaine de mètre par le trio Ruru, Eric le petit et Contraydor, il me faudra pas moins de 5 kms d'efforts pour recoller à leurs roues...c'est ainsi, qu'avec un petit groupe, nous passons à fond Aniane, Le Pont du Diable, St Guilhem Le Désert - souvenez-vous : battu en finale du "Plus beau village de France " par St Cirq Lapopie - Et bien, heureusement que Stéphane Bern "La Banane" nous l'a montré à la télé car là, je n'ai pas eu le temps de le voir, tellement on est passé vite! Encore une dizaine de kms avant de quitter à regret les très belles gorges de l'Hérault par une longue côte où je coince dès les premières rampes, et, du coup, me voilà distancé par une partie du groupe. Après 2 ou 3 kms difficiles où il a fallu que je "m'agrippe" (ce terme me convient parfaitement ces temps-ci) la pente s'adoucit légèrement et je retrouve un rythme plus convenable et mes jambes tournent mieux.
Tout va bien donc, si ce n'est une toute petite déception dont j'ai oublié de vous parler : je m'étais inscrit, comme plusieurs d'entre nous, sur le grand circuit de 156 kms, non par prétention mais parce qu'il passait par le magnifique Cirque de Navacelles. Or, au retrait des dossards, hier soir, on nous a annoncé une modification du tracé pour cause de gros travaux empêchant toute circulation dans le cirque. En compensation le tracé modifié ne fait plus "que" 137 kms et une côte très dure en moins, et ça, vu ma forme, c'est plutôt une bonne nouvelle!
J'en termine avec cette montée lorsque j'aperçois mes trois copains qui m'attendent ! Ils sont sympas , mais bien sûr, je les engueule ! : " il ne vous faut pas perdre du temps pour un boulet comme moi ! " mais surtout je les remercie car je sais qu'il y a maintenant près de 35 kms sans difficultés particulières et en équipe ça va enrouler....Avant d'attaquer la descente ultra rapide qui va nous ramener dans la vallée de l'Hérault, nous traversons un village au nom curieux : Causse de la Selle. Je n'ai pas eu le temps d'interroger les autochtones, mais j'ai déduit ( et cela n'engage que moi) que ce nom découlait d'une expression cycliste locale : en effet, en vélo quand on met les gaz, nous on dit qu'on "pète la forme" ici ils disent on "cause de la selle".....
Nous voici maintenant sur les berges de la rivière dans un décor magnifique, mais peu à peu le vent qui depuis le départ nous était plutôt favorable, devient de plus en plus gênant et après avoir passé Ganges lorsque nous changeons de cap pour nous enfiler dans les gorges de la Vis, celui-ci devient franchement hostile et vient par bourrasques contrarier notre progression à chaque détour de falaise. Le soleil n'a pas atteint le fond de cette vallée encaissée et le th° indique à peine 5°. Notre moyenne n'a pas fléchi pour autant et nous sommes arrivés au 1° ravito situé au 60° km et au pied de la 2° (et plus grosse) difficulté du jour, avec plus de 28 km/h au compteur. C'est juste avant Gorniès que nous avons trouvé Yvon au bord de la route, en délicatesse avec son matériel. Lui il ne sait pas faire les choses à moitié : quand il crève tant qu'à faire, c'est des deux roues en même temps ! Patiemment il démonte ,colle, rustine et regonfle, et là, malchance encore : c'est pas le coup qui est parti...mais le fusil !! (de la valve). La poisse! Dégouté, il décide de bâcher et nous fait signe de ne pas l'attendre. C'est la voiture balai qui le dépannera et lui permettra ainsi de rentrer en rebroussant chemin.
Je fais un arrêt au stand un peu plus rapide que les copains de manière à attaquer la côte avant eux. Peine perdue, ils me rattrapent après 1km d'ascension et là j'insiste vraiment pour qu'il ne m'attendent pas, car, au vu de ma forme je risque m'arrêter avant la fin. Je gère donc mes efforts, et j'ai le temps au fur et à mesure que la route s'élève, d'admirer en face et au-dessous ce décor minéral qui, sans être aussi grandiose que le Cirque de Navacelles n'en est pas moins magnifique. Bon c'est bien beau tout ça mais je n'en ai pas fini de ma côte - ni de mon CR d'ailleurs, j'ai un seul doigt qui bosse et 9 qui regardent (comme dans certains services...) et il commence à se crisper ! Dans le dernier lacet je rejoins un concurrent et lui dis quelques mots d'encouragement auquel il répond en bougonnant, c'est inaudible mais l'intonation est peu sympa, donc je continue en le laissant à ses affaires : mieux vaut traverser le Larzac seul, avec le vent comme compagnon, qu'avec ce con-là !
D'ailleurs traverser le Larzac seul, avec ce vent très soutenu de 3/4 face est une épreuve à laquelle je m'étais préparé mentalement depuis un petit bout de temps déjà. Imaginez cette étendue déserte, austère, balayée par toutes les intempéries ; mais pas sinistre (enfin, si on ne s'y est pas perdu) et même belle si on y regarde bien (et si l'on fait abstraction des clôtures rouillées!) avec tous ces rochers biscornus aussi nombreux que les brins d'herbe! Et au milieu de tout ça, imaginez une route toute droite sur une dizaine de kms, dont on ne voit pas le bout car c'est légèrement vallonné,... et le vent ....toujours le vent ! Eh bien paradoxalement je ne me suis pas ennuyé bien que ce soit long et pénible, ma vitesse sous les rafales chutait parfois sous les 20 km/h ! Mais mon esprit s'amusait de tout, et un rien arrivait à me distraire. C'est ainsi que je me disais que j'aurais pu tirer des bords, mais je n'ai jamais fait de voile...j'aurai aussi pu faire l'éventail, mais tout seul c'est pas commode ! L'éventail ! Tiens, c'est curieux quand on pense que les dames l'utilisent pour faire du vent, alors que les cyclos, eux, c'est pour s'en protéger ! On n'est pas à un paradoxe près, la preuve : les sous peuvent t'amener au paradis (fiscaux) et aussi vite après, en taule...! Ici ça ne m'étonne pas qu'ils soient opposés à la mondialisation car du monde on n'en voit pas beaucoup.... Non, voyez-vous, je ne languis pas car je ne suis pas vraiment seul avec mes pensées aussi biscornues que les cailloux alentour : en effet à chaque variation de pente j'aperçois au loin devant les petits points vert de mes potes, ils ont au moins 1,5 km d'avance ! Et lorsque je me retourne espérant voir Yvon revenir de l'arrière je distingue quelques cyclos isolés . Voilà j'aperçois enfin là-bas au fond, le virage marquant la fin du plateau, et du même coup aussi la fin de cette galère, car j'en aurais quand même, pourrais-je dire, si j'osais, bavé.... (celle-là je la souligne, elle pourrait passer innaperçue....!) Après le ravito de Soubès il ne reste plus qu'une difficulté. La route en très mauvais état, s'élève irrégulièrement dans une très belle forêt de pins qui domine Lodève. Là pour moi c'est gestion des crampes, je paie ainsi ces départs ultra-rapides : je m'emploie à boire beaucoup et à mouliner, ce sont les seuls remèdes. Une fois en haut je sais que j'y arriverai, d'autant plus qu'un cyclo sympa me rejoint, on discute un peu et on décide de faire route ensemble. Sa compagnie me redonne la pêche pour affronter les 30 kms restants, bien plus faciles sur cette route qui serpente de villages en villages, au milieu des vignes et des oliviers dont les feuillages ont des couleurs changeantes selon les caprices du vent qui est maintenant redevenu notre allié.
Un petit pont sur l'Hérault, une ligne droite, un dernier virage et je passe enfin sous l'arche d'arrivée avec la voix du speakeur qui s'étonne de voir encore un Espérois dans les finishers et qui félicite notre club pour sa participation. Je suis le dernier de la troupe mais peu importe quel bonheur ! d'autant plus que tous les copains(ines) sont là pour m'accueillir : ça réchauffe !
Félicitations à tous et en particulier à Annie, Nanou et Sylviane qui ont dû galérer dans la terrible ascension du bien nommé "Col du Vent". Mention spéciale à Nanou qui signe je crois sa 1° participation à une cyclosportive, et à Alain qui effectue là un retour remarquable dans le peloton. Que dire des performances du Patron (pas en forme...) et d'Angel (malade ) qui n'ont pas hésité à se frotter aux meilleurs dans une cyclo d'un niveau très élevé. Pas de bol pour Yvon qui était parti en costaud et m'aurait bien mis au moins 1/2 h . Merci à Ruru, Eric et Philippe qui m'ont attendu dans la 1° bosse, après avoir résisté je leur cède quand même 8 mn sur la ligne. Merci à Angel mon pilote , attentionné et prévenant et toujours à mes petits soins, bref "un papa"! Merci enfin aux organisateurs et aux nombreux bénévoles sans qui rien n'existerait. Merci à sylviane qui une fois de plus à assuré en organisant cette sortie et à ceux qui y ont contribué.
Cette belle journée se termine par un excellent repas, et autour de la table après l'effort, c'est l'ambiance chaleureuse et conviviale propre à ces retrouvailles entre potes, où, pas encore fatigués, chacun refait la course, le tout ponctué de bons mots et d'éclats de rire. Voilà la recette du ciment de notre amitié.